Il se réveilla en sursaut, et essuya rapidement une nouvelle larme qui coulait le long de sa joue. Il se redressa, puis posa ses pieds au sol. Il dénicha une chemise, un caleçon, et un pantalon propres, et s'enferma dans la salle de bain. Il passa rapidement sous la douche, et enfila les habits. Heureusement, le vieillard ne devait pas être très grand non plus, et les vêtements allaient plutôt bien au jeune homme, bien que légèrement trop large. Il mit une ceinture, et retourna dans la cuisine, les cheveux trempés. Il se mit à la recherche de quelque chose à grignoter, en tentant de ne pas faire trop de bruit : Christina avait dû aller se reposer ...

Il trouva un bocal de cornichons dans le fond du frigo, et en avala plusieurs avec plaisir. Il se souvenait que sa mère adorait ça. Visiblement, elle lui avait transmis cette passion. Il prit du pain, et de la confiture, et se fit une tartine. Il s'assit en tailleur sur le canapé, et se mit à farfouiller dans les disques du vieux couple : il avait besoin de musique après tant d'émotions.

Et c'est à ce moment là qu'Ishida fit tomber toute la pile de CD. Il jura, se maudissant d'être si maladroit.

Étalé de tout son long sur le canapé, position due à sa tentative de rattrapage des CD, il sourit innocemment à Christina.

"- Bien dormi ?"

Dernière modification par meliemelo44 (2013-03-29 18:18:56)

Il leva des yeux toujours aussi innocents vers elle, et répondit :

"- Pas très bien. Mais pas à cause du canapé."

Il baissa les yeux.

"- Comme tu l'as deviné tout à l'heure, bien que j'ai pas été très aimable quand je t'ai répondu, je fais des cauchemars."

Il avait pris une légère moue boudeuse, due à la gêne.

"- Au fait, il reste pas mal de nourriture dans le frigo si tu veux."

Il finit de ramasser les disques.

"- Je n'ai aucun problème. Juste des souvenirs. Et tu sais déjà lesquels, alors ne t'obstine pas à me poser des questions." Soupira-t-il.

Il se rassit convenablement dans le canapé.

"- J'ai découvert le corps pendu de ma mère, alors permets moi d'en être un peu marqué." Dit-il d'un ton las. "Donc j'aimerai éviter qu'on en discute. Je n'en ai pas besoin, et ce n'est certainement pas ça qui me délivrera de mes mauvais rêves."

Il lui jeta un coup d'oeil. Bien évidemment, il n'avait pas tout dit de ses cauchemars ... Mais il n'allait sûrement pas lui dire que, dans le gymnase, il avait eu peur pour elle, et que cette peur s'était transformée en cauchemars. Il compléta juste :

"- Ces cauchemars se sont mes peurs. Y a rien à dire dessus."

"- Je ne suis pas en colère. Je regrette juste la façon dont se sont passés les choses."

Il croisa les bras.

"- T'es peut être faite comme ça, mais tout le monde n'a pas cette force de caractère." Lui fit-il remarquer.

Il poussa un nouveau soupir.

"- De toute façon, quoi que je fasse, ces souvenirs me hantent, alors je n'ai même plus l'envie de les chasser."

Il se releva, manquant de refaire tomber la pile de CD qu'il avait soigneusement remise en ordre, la rattrapant juste avant qu'elle ne vacille.

"- Et personnellement, ces mauvais souvenirs me rongent plus qu'autre chose. Bien évidemment, ils font ce que je suis aujourd'hui, mais ce n'est pas pour autant qu'ils ne me font pas mal. Et puis, ce n'est pas que les souvenirs qui viennent me hanter. Il y a tant de choses dont j'ai peur ... Je suis un vrai froussard en fait."

Il avait fini sa phrase sur le ton de la plaisanterie, bien qu'il n'en pensait pas moins.

"- Bon, sinon, au lieu de me prendre la tête avec toi, je peux faire quelque chose pour t'aider ?" Dit-il sur un ton qui se voulait plus guilleret.

Ok, message reçu cinq sur cinq : il l'avait mise de mauvaise humeur. Il soupira, s'en voulant tout de même un peu, puis fit ce qu'elle lui avait demandé. Soudain, un mot qu'elle avait prononcé lui revint à l'esprit : "Voisin". Chez le voisin ? Il serra les dents, se souvenant qui était ce voisin, mais se retint d'aller la rechercher. Elle n'apprécierait certainement pas ... Il ne savait même pas lui même pourquoi il avait horreur de ce gars ... C'était étrange. Le sourire, pourtant sympathique, de ce garçon lui avait tout de suite fait horreur, et il n'avait pas pu s'empêcher de le haïr. Peut être était ce à cause de sa manière de regarder Christina et de lui parler ... Il soupira une seconde fois, se maudissant à cause de sa stupidité, puis se mit à faire les cents pas dans la maison, fouillant au passage, pour dénicher quelques objets de valeur. On ne changeait pas les vieilles habitudes ...

Il ne dit rien, mais quelque chose, comme de la colère, brillait dans son regard. Il sourit tout de même, et dit simplement :

"- Ce n'est pas grave. J'ai faim."

Il baissa les yeux. Il n'était pas en colère. Loin de là. Il prit ses affaires, et sortit. Elle n'était jamais contente, et de toute façon, maintenant, elle avait l'autre, le voisin, qui la faisait sourire. Il avait compris que ce n'était pas de la simple méfiance qui étreignait son coeur. Il était jaloux. Pourquoi ? Cela lui faisait mal de l'admettre, mais c'était parce qu'il avait bien vu qu'il plaisait à Christina.

Il s'arrêta en plein milieu de la route.

"- Parce que je ne sers à rien, et que tu n'as plus besoin de moi. Parce que ..."

Il aurait voulu exprimer sa jalousie, mais sa gorge se serra, et il ne termina par sa phrase.

"- Laisse tomber. On s'est bien amusés. Je ne suis plus malade, et il n'y a plus aucun danger dans le coin. Je ne vois pas ce qui me retient. De toute façon, tu as l'autre si tu as besoin de quoi que ce soit. Ce n'est peut être pas un lion, mais il est certainement plus à même de savoir ce que tu veux, et ce dont tu as besoin. Je vais rentrer chez moi."

Il serra les poings, et se souvint de ce qu'il lui avait dit : qu'il ne disparaîtrait pas ... Il soupira, indécis. Il l'avait fait pleurer en plus ... Quel gros nul il était ... Il mit sa fierté stupide de côté, et rentra dans la maison. Il se posa sur le canapé sans un mot.